halte au feu !
Pour un sursaut par Pierre Moscovici
La crise du
PS se poursuit et prend une dimension inédite, d’une extrême gravité. …Le
ton monte, le dialogue ne s’engage pas, les Français se moquent ou se fâchent,
alors que les militants, eux, désespèrent. Le PS, au terme de ce Congrès
hallucinant, est au bord de la crise de nerfs. …
Commençons
par quelques analyses d’évidence, pourtant peu répandues. Parlons d’abord du scrutin lui-même.
Il est logique de procéder au récolement des votes, normal d’enregistrer les
contentieux, légitime d’en parler. Mais la vérité est qu’on ne saura
probablement jamais qui a vraiment gagné vendredi soir …l’élection du Premier
secrétaire au suffrage universel des militants est une fausse bonne idée : elle
fonctionne pour valider le résultat d’un congrès majoritaire, pour appuyer un
leadership constaté, elle n’est pas faite pour réparer un échec comme celui du
Congrès de Reims, elle porte en elle, dans ce cas de figure, les risques
majeurs de la confusion, de la contestation ou de la cohabitation. Il n’y aura
pas, c’est certain, de résultat irréfutable à ce vote, qui restera toujours, au
mieux, entaché d’un soupçon et ne crée pas de réelle légitimité. Venons en, dès
lors, au rôle du Conseil national. Il ne pourra rendre un verdict totalement
objectif, ce n’est ni son rôle, ni sa compétence, il devra prendre une décision
politique, en interprétation ou en substitution du vote des militants, qui n’a
pas été conclusif. Je souhaite, pour ma part, qu’il évite deux écueils
symétriques, tous deux porteurs d’un danger mortel pour le parti – étant
entendu que j’écarte l’hypothèse d’un nouveau vote, qui ne ferait qu’aggraver
un climat déjà insupportable sans apporter de vraie solution…Le premier est
celui du passage en force politique. J’aimerais que ses promoteurs en mesurent
aussi les risques : un parti coupé en deux, une ex-candidate victimisée et à
l’affût, un groupe dirigeant étroit, confronté à une tâche écrasante, sans
forte légitimité et dans un environnement hostile. … Le deuxième écueil
est celui de la scission rampante, sous forme de harcèlement judiciaire, …Le
Parti socialiste sortirait épuisé, ridiculisé, de ces contentieux entre des «
camarades » exposant leur haine réciproque sur la place publique. Dans l’un
comme dans l’autre cas, il perdrait toute crédibilité et finirait sans doute
par exploser, voire même dans un scénario catastrophe par engendrer deux
candidatures à la présidentielle de 2012 – pour perdre évidemment. Je crie «
halte au feu ! »…
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