On ne peut être en tête et avoir des positions qui empêchent de rassembler une majorité…

par Mireille kerbaol, membre des instances nationales du Parti Socialiste

Force est de constater que ces propos d’Harlem Désir résument assez bien le mal être de 71 % des délégués qui, souvent, au prix de longues heures de voyage, étaient venus des quatre coins de France et d’Outremer porter la parole de leurs camarades de motion. En ce qui me concerne, il s’agissait de la parole des camarades de la motion A exprimée par plus de 32% des militants girondins.

Le  choix résolu d'ignorer les congressistes  présents en affirmant  s’adresser directement aux militants socialistes pour proposer un référendum sur les alliances,  a été vécu,  au delà d'une évidente négation de la  démocratie dans sa forme représentative,   comme l'annonce d'une absence totale de respect envers des délégués porteurs  d'une parole exprimée par 71% des militants  dans les urnes le 6 novembre ?

A propos du modem :

Le bureau national s’était exprimé avant même les présidentielles concernant l’impérieuse volonté des socialistes du respect d’une ligne de gauche dans leurs alliances. Aucun accord ne pouvait se faire avec des candidats, de quelques formations politiques fussent-ils, si autre chose qu’une politique de gauche pouvait en émerger.

Se réveiller un beau matin avec un chef du gouvernement qui se serait appelé François Bayou en pensant qu’il ferait une politique de solidarité salvatrice pour les plus démunis de nos concitoyens, est à peu près aussi irréaliste que d’imaginer notre camarade Lionel Jospin acceptant de mettre en œuvre les politiques du RPR au lendemain de la dissolution. Même Chirac n’y avait pas pensé !

A 71% les camarades socialistes ont réaffirmé cela dans leur vote souverain pour les motions  … doit-on au-delà du message ré-exprimé par les délégués congressistes, revoter au travers d’un référendum ?  Si oui, combien de fois ?

A propos de la Social-démocratie :

L’idée devrait désormais s’imposer d’une vision périmée ! Alors ces camarades que proposent-ils  d’autre ? N’est-ce pas la Social-démocratie qui prône une intervention forte de la puissance publique dans la régulation de l’économie de marché ? Aujourd’hui, si nous devions reprocher quelque chose aux socio-démocrates : c’est d’avoir été trop timides en la matière !

Le respect du vote militant peut-il se dispenser de l’écoute due à leurs délégués ?

La gauche et la droite ce n’est pas la même chose ! Et 71% de congressistes attendaient qu’on les entende dans leur refus de prendre le risque de la mise en œuvre des propositions d’un Jean Peyrelevade (ancien directeur de cabinet de Pierre Mauroy, actuel vice président du Modem) qui veut «ponctionner 5% du PIB des ménages en faveur de l’entreprise ».

Est- ce le renouvellement, la modernisation d’une force politique comme le Parti Socialiste qui conduiraient à refuser d’écouter cette différence ... parce qu'elle est différente !
Où est le respect de la richesse de la sage intelligence collective ? Où est la volonté annoncée d'un souhait de métissage et de diversité ? 

La démocratie directe a ses limites. 

Si la démarche initiée lors de la  la présidentielle, touchant à faire « revivre » une forme de démocratie participative, a perdu le soutien de 50% de ses militants socialistes, n’est ce pas parce que l’expression des forums participatifs d'une trop longue pré-campagne,  ont, in fine, peu été pris en considération ?

Alors pour moi, moi aussi ce n’est pas la conception du parti que je souhaite inscrire  dans le marbre, mais le respect de son histoire et de notre identité.

Le 20 novembre ne remplaçons pas une absence regrettable de majorité par ce qui pourrait apparaître comme un plébiscite ... Le plébiscite n'est pas de notre culture socialiste ...  le plébiscite, à terme, nous étoufferait.
Notre oxygène est socialiste !