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5 avril 2009

Une école démantelée :le bilan de Xavier Darcos, du discours aux actes

Note politique d'Eric LABADIE

Le 28 août dernier Xavier Darcos, lors de sa conférence de presse de rentrée, appelait de ses vœux une école « nouvelle génération » fondée sur « la liberté des familles », le « consensus », « l’efficacité ».

En réalité depuis son arrivée au ministère de l’Education Nationale,  X. Darcos  a, par touches successives, entrepris de s’attaquer à tous les fondements du service public d’éducation avec pour objectif affiché « d’améliorer le service rendu » par l’école en évaluant ses performances d’une part, tout en diminuant son coût d’autre part.

Il semble que le deuxième terme l’ait largement emporté sur le premier dans tous les domaines de compétences du Ministre.

1. une formation des enseignants au rabais :

C’est la partie non aboutie de la réforme mais peut-être la plus lourde de conséquences sur le long terme.

Le projet  consiste à recruter les enseignants à niveau M2 (Bac + 5) avec l’argument que l’on a besoin d’enseignants mieux formés et que pour cela ils seront mieux payés. A priori l’objectif est louable.

C’est bien une logique d’économies qui prévaut dans cette réforme  puisqu’elle fait économiser près de 10000 postes, entre les formateurs du second degré qui n’interviendront plus à l’IUFM (qui est fondu dans l’université) et les nouveaux titulaires qui seront mis directement devant les classes sans véritable formation pédagogique èqui devrait aboutir à des professeurs moins bien armés en termes de savoirs et de savoir-faire.

Eclairage aquitain : l’université est vent debout contre la réforme, plus aucun cours assuré à bordeaux III sauf en master professionnel, l’IEP vient de rejoindre la mouvement

2. la réduction drastique de l’encadrement des élèves au lycée :

L’objectif : participer à l’effort de réduction de l’emploi public (un emploi sur deux non remplacés) et profiter de la baisse de la démographie des élèves (discours de rentrée)

Les postes proposés aux concours diminuent de 30 à 40 % et le nombre d’enseignants aura été réduit de 24000 en deux ans.

Globalement c’est l’encadrement des élèves par des personnes qualifiées qui diminue, et cette baisse affecte en priorité les enfants des milieux les plus défavorisés.

Eclairage Aquitain :

            Exemple 1 : dans l’académie de bordeaux : le lycée Elie Faure ou le lycée Kastler perdent des postes d’enseignants (2 et 11) quand Montaigne et Eiffel en gagnent.

            Exemple 2 : Elie Faure, seul lyée ZEP de Gironde aura toutes ses secondes à 30 ou 31 élèves alors que deux secondes à 24 élèves sont créées à Montaigne

            Exemple 3 :Tregey perd un assistant d’éducation alors que 70 % des élèves sont de milieux défavorisés et 50 % sont boursiers

            Globalement : La baisse du nombre de postes est plus que proportionnelle que l’évolution du nombre d’élèves : Bordeaux moins 69 postes pour  moins 600 élèves dans les lycées

è les heures d’enseignement ou d’encadrement non réalisées par des enseignants titulaires ou des personnels qualifiés sont confiées à des vacataires ou des travailleurs précaires recrutés à l’ANPE à bac + 2 ou bac + 3

è en fait les professeurs de niveau M2 seront moins nombreux et les personnels non qualifiés plus présents face aux élèves. A terme il n’y aura plus de conseillers principaux d’éducation ou de conseillers d’orientation qui s’intéressent à tout le périscolaire

è le ministère met en place l’école après l’école, des cours pendant les vacances mais diminue chaque jour la qualité de l’enseignement dispensé en classe è simple logique comptable ou schizophrénie ?

3. la réforme de l’école primaire : - 2heures de cours par semaine, plus d’égalité des chances ?

L’objectif annoncé : dégager du temps pour offrir aux élèves de l’aide personnalisée à raison de 2 heures par semaine, l’horaire de base étant ramené à 24 heures et rétablir le consensus avec les familles.

Parallèlement le ministre organise le démantèlement des réseaux d’aides spécialisées aux enfants en difficulté (rased : - 3000 postes) qui venaient en appui des professeurs des écoles pour 10 % des enfants.     L’aide sera maintenant réalisée par des enseignants non formés.

è la logique est bien celle d’un appauvrissement de l’école primaire (- 2 h semaine c’est ½ année entière d’enseignement qui est perdue) et d’une diminution de l’égalité des chances : les enfants des milieux défavorisés resteront dans leurs difficultés.

Eclairage aquitain : toutes les écoles de la rive droite sont entrées dans le mouvement des désobéisseurs (refus d’appliquer les 2 heures, refis de voir disparaitre les rased qui concernent parfois jusqu’à 30 % de leurs élèves

4. la réforme du lycée professionnel : le bac pro en 3 ans, et les autres ?

L’objectif : calquer la filière professionnelle sur la filière générale pour élever le niveau (plus de bacheliers) et pour la revaloriser.

Réforme réalisée à marche forcée, à la rentrée 2008 tentative de généralisation, à la rentrée 2009 généralisation réalisée

La réforme institutionnalise le mépris vis à vis du niveau V, puisque c’est le niveau IV qui est jugé valorisant.

La réforme ignore la spécificité des élèves de la filière professionnelle et les demandes des professionnels qui n’ont rien demandé et n’ont pas forcément besoin de diplômés généralistes mais de bons techniciens. A moins que la réforme ne soit une première étape de la disparition de la filière technologique, au mépris des investissements réalisés par les régions.

è impréparation et gaspillage. Aucune anticipation des conséquences sur l’apprentissage

Eclairage Aquitain : à la rentrée 2009 le rectorat prévoit 6064 places en moins en BEP et 712 en plus en CAP et 5882 en bac pro 3 ans : déficit immédiat de 182 places

5. la réforme avortée du lycée : mieux former ou moins dépenser ?

L’objectif : offrir plus de choix, en finir avec la hiérarchie des filières et mieux organiser le lycée autour des besoins des élèves..

            

Qui sait de quoi sera faite la réforme ? Pas le ministre puisque le Président l’a de fait dessaisi du dossier au profit d’une consultation internet et de R. Descoings

En attendant la rentrée 2009 se fait sous le signe de la disparition de postes d’enseignants, comme en 2008. (

Eclairage aquitain :

- moins 35 prfesseurs d’Histoire ou de Langues Vivantes dans les lycées professionnels d’Aquitaine 

- moins 200 postes en 2 ans en lycée

6. une philosophie : le culte de la performance (…comptable) et le centralisme

Le leitmotiv du ministre : j’écoute, j’entends et je fais les réformes que les Français attendent pour une école plus efficace;

La liberté de choix des familles met en place des ghettos de bons et de mauvais élèves et dons de bons et de mauvais établissements.

Un ministre qui pense que tout vient d’en haut ? : le rectorat de bordeaux (administration déconcentrée, donc représentante directe du ministre) refuse de travailler avec la région sur le décrochage scolaire (que le ministre/élu régional a voté le 16 février dernier)

Un ministre ouvert au dialogue ? : quand des milliers de personnes contestent ses projets il consent à les discuter, parfois secondé d’une aide extérieure.

Un ministre qui connaît la loi mais ne la respecte pas ? : la loi d’août 2004 donne des compétences partagées entre collectivités et Etat, par exemple le PRDFP, ou des compétences propres (le service annexe d’hébergement) à le ministre ne fait pas appliquer la loi par sa propre administration : annonce des internats de réussite ou de la réforme des agences comptables ou du décret sur le logement des personnels d’Etat dans les établissements scolaires sans concertation avec les collectivités territoriales

è méconnaissance ou mépris ?

Conclusion :

Une école appauvrie, des personnels précarisés, une mise en concurrence forcée des établissements : c’est le fondement même du pacte républicain qui est remis en cause.

Annexe :

Eléments techniques

1. une formation des enseignants au rabais

            - en mettant les nouveaux enseignants devant les classes en totalité ou en partie le ministère compte économiser entre 3000 et 5000 postes par an. Actuellement un néo-titulaire enseigne 8 h semaine la première année et 16 h la deuxième, le reste du temps étant consacré à la formation. D’abord il a été envisagé de les nomméer à temps plein (6000 postes économisés) le ministère a  en partie reculé, ils ne devraient enseigner que 12 h semaine

            - le concours et le M2 se prépareraient en parallèle à 2 conséquences possibles : ou l’accent est mis sur les disciplines et l’étudiant a peu de chances de réussir les nouveaux concours qui devraient évaluer les motivations et les connaissances du système éducatif plus que les savoirs académiques (par exemple un professeur d’anglais n’était plus évalué en langues…), ou alors l’accent est mis sur le système éducatif et alors la connaissance disciplinaire est plus faible

            - en moyenne il y a 4 candidats pour une place, soit entre 30 et 40000 candidats selon les années, ¼ d’entre eux (au mieux) obtiendra un concours, les autres devront se contenter d’un master professionnel à ils seront le vivier de recrutement naturel des contractuels et autres vacataires embauchés par milliers par le ministère pour faire face aux besoins horaires, soit des milliers de sur-diplômés maintenus dans la précarité sur le long terme puisque les concours internes sont presque tous fermés.

            - ce sont les universités qui sont chargées dans le cadre de leur autonomie de définir le contenu des masters, ce qui peut sembler acceptable mais qui introduira de fait une hiérarchie supplémentaire entre les recalés des concours.

            - enfin en remettant les IUFM dans l’université le gouvernement récupère des milliers de postes de maîtres de conférences ou de professeurs qui auparavant intervenaient dans l’année de formation des nouveaux enseignants et qui pourront être affecté à d’autres tâches d’enseignement

2. la réduction drastique de l’encadrement des élèves au lycée

            - rentrée 2008 : - 11000 postes, rentrée 2009 : -13500 postes (alors que le nombre d’élèves global devrait augmenter de 20000)

            - les postes mis aux concours :

à du second degré : 2003 : 11980 postes offerts pour tous les concours de niveau bac +3, en 2009 : 7255, soit – 40 %

à  pour le premier degré on passe de 9331 postes en 2008 à 6557 en 2009 alors que le nombre d’enfants scolarisés est en augmentation

            - l’objectif toujours réaffirmé est de « ne laisser personne au bord du chemin » : en 2009 il y aura 200 CPE alors que 400 partiront à la retraite et 50 Conseiller d’orientation pour  300 départs à la retraite

            - la baisse du nombre de postes est plus que proportionnelle que l’évolution du nombre d’élèves : Bordeaux – 69 postes pour – 600 élèves dans les lycées

3. la réforme de l’école primaire : - 2heures de cours par semaine, plus d’égalité des chances ?

            - la réforme rencontre une très forte résistance de la part d’enseignants qui refusent soit les nouveaux programmes, soit la semaine de 4 jours (efficacité très faible pour les enfants des milieux défavorisés), soit les 2 heures d’aide, souvent répartie en 4 fois ½ heure sur 4 jours et jugée stigmatisante et ne permettant pas un réel travail.

            

            - la mise en place de l’aide personnalisée justifie la disparition des RASED (Réseau d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté) : 3000 sont affectés à une école ou à une classe, les élèves les plus en difficultés ne seront plus pris en charge par des enseignants formés spécifiquement. Le 13/09/2008 Luc Ferry reconnaissait dans Témoignages que la réforme pouvait faire économiser 8000 postes, ce qu’il justifiait par la nécessité de l’éducation nationale à participer à l’effort de réduction de la dette

            - l’accueil des enfants de moins de 3 ans est supprimé, là encore ce sont les familles les plus en difficultés qui en font les frais.

            - le service minimum d’accueil fait peser sur les communes la charge de l’accueil des enfants lors des grèves et surcharge automatiquement les classes des personnels non grévistes : aucune efficacité pédagogique

4. la réforme du lycée professionnel : le bac pro en 3 ans, et les autres ?

            - rupture historique : à l’origine le bac pro était un diplôme qui suivait le BEP, le CAP ayant une vocation d’insertion professionnelle pour un panel de métiers relativement réduit. L’obtention du bac pro en 4 ans était basée sur la nécessité de réconcilier des élèves avec l’école et avec eux-mêmes en prenant le temps de leur transmettre des savoirs dans des groupes-classes de petite taille (en BEP on avait aux maximum 30 élèves dont plus de la moitié de l’emploi du temps se faisait en demi-groupe, contre 35 élèves en lycée général ou technologique)

            - la généralisation en 1 an des bac pro 3 ans n’a pas été pensée pour les élèves mais permet à terme d’économiser une année de formation.

            - la part des cours en demi-groupe diminue dans la nouvelle voie professionnelle à moins d’individualisation possible

            - rien n’est envisagé pour les élèves qui n’arriveraient pas à suivre :le redoublement n’est pas possible dans la voir professionnelle et le retour en CAP semble difficile à envisager alors que depuis 15 ans les CAP en 3 et en 2 ans ont été peu à peu fermés puisque tous les acteurs du système éducatif estimaient, études à l’appui, que ce diplôme n’était plus adapté aux exigences de l’emploi moderne qui suppose polyvalence et réactivité.

            - a contrario le CAP, s’il trouve des candidats, risque d’être une voir de garage, les élèves ne pouvant pas passer en 2ème année de bac pro 3 ans tant l‘écart d’exigence est grand entre ces deux diplômes

            - la réforme n’a pas été du tout pensée dans son versant apprentissage : apprentis et entreprises pourront-ils s’engager pour 3 ans ? (qui plus est dans un contexte de crise)

5. la réforme avortée du lycée : mieux former ou moins dépenser ?      

- la première mouture de la réforme cherchait surtout à ramener l’horaire élève à 26 heures (contre 28 à 32 actuellement) à entre 8000 et 10000 postes économisés

- aucune réflexion sur l’échec au lycée : le socle commun de connaissances du collège doit amener tous les élèves au niveau requis 

- question des langues étrangères (combien ? pour quel horaire ?) non tranchée

- entreprise en cours de déligitimation de la filière technologique qui fait doble emploi avec la nouvelle filière professionnelle à la réforme est à rapprocher des « bruits » qui viennent de l’inspection générale qui font penser à une probable disparition de la filière technologique, au mépris des investissements réalisés par les régions (et dons par les contribuables).

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