Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
www.mireillekerbaol.net
www.mireillekerbaol.net
Derniers commentaires
Newsletter
www.mireillekerbaol.net
22 septembre 2008

Afganistan en six questions

Publié le 17 septembre 2008 dans : Défense

2865212204_a992c19449_m

Dans la précipitation et sans concertation,Nicolas Sarkozy a décidé, en avril dernier, d'envoyer des renforts armés en Afghanistan, opérant dans lemême temps un changement radical dans l'engagement de nos troupes : d'une mission de sécurisation, elles se sont retrouvées projetées dans des opérations de guerre. Le 18 août, dix de nos soldats trouvaient la mort dans une embuscade.Une tragédie qui a relancé le débat sur le rôle de la France dans ce conflit qui s'enlise chaque jour un peu plus. La question du maintien des troupes sera posée aux parlementaires, à l'ouverture de la session extraordinaire, le 22 septembre. Décryptage du conflit en 6 questions pourmieux cerner les termes du débat.

Pourquoi la France est-elle en Afghanistan ?

Au lendemain des attentats du 11 septembre perpétrés par Al-Quaeda, les États-Unis entreprennent la traque de Ben Laden et attaquent l'Afghanistan, pays dans lequel se cache le chef terroriste. En décembre 2001, les Américains et leurs alliés (Britanniques et Alliance du nord afghane) chassent le régime taliban. Pour autant, la victoire est loin d'être acquise. À l'issue de cette première phase de combats, un constat s'impose : en l'absence de forces de sécurité régulières afghanes, la situation du pays ne peut être stabilisée. L'ONU autorise alors le déploiement de la force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS ou ISAF), à laquelle la France participe. Et en 2003, l'ONU confie à l'OTAN la responsabilité de l'ISAF. Parallèlement, les États-Unis mènent des opérations militaires nationales, principalement dans le sud du pays (opération Enduring Freedom).

Quel est le mandat de la coalition ?

L'ISAF a reçu un mandat d'instauration et de maintien de la paix. Son objectif principal est d'aider le gouvernement afghan à étendre son autorité et à pacifier le pays. Mais en 2003, la mission des forces armées prend la forme d'une véritable guerre contre-insurrectionnelle contre les talibans qui ont réussi à reprendre pied. Dès lors, ses missions se déclinent de la façon suivante :opération de stabilisation et de sécurisation, formation et entraînement des forces militaires et de police afghanes, définition des besoins en matière de reconstruction, soutien du gouvernement afghan dans les actions de désarmement des milices et dans les opérations anti-drogue, soutien aux opérations humanitaires.

Quelles sont les forces déployées ?

L'ISAF est composée d'environ 70000 militaires, dont environ 31000 Américains, 8530 Britanniques, 3 370 Allemands et 2 500 Français. Jusqu'à présent, les missions françaises étaient limitées à la sécurisation de la région de Kaboul et à la formation des forces afghanes. La donne change en avril 2008 quand Nicolas Sarkozy décide d'envoyer 700 soldats supplémentaires, chargés de prendre la responsabilité militaire de la Kapisa, une région particulièrement troublée. Une fuite en avant militaire menée sans la moindre stratégie.

Quels sont les moyens de la coalition ?

L'essentiel des moyens est fourni par les États-Unis. Mais la France est particulièrement mal équipée. La puissance de feu de l'infanterie légère est trop faible. Seulement deux hélicoptères volent en Afghanistan et le plus souvent au profit du président Karzaï et nos troupes ne disposent pas de drone. Toutes ces lacunes sont principalement le fruit des coupes budgétaires imposées par Michèle Alliot-Marie lorsqu'elle était ministre de la Défense.

Quelles sont les principales difficultés sur place ?

D'abord, le retour en force des talibans. Fin 2001, la coalition renversait le régime taliban. Les combattants refluaient vers le sud de l'Afghanistan. Mais les islamistes ont mené une contre-offensive. Aujourd'hui, ils mènent des opérations sur la moitié du territoire afghan et se rapprochent continûment de Kaboul. Les combats sont donc plus âpres, avec des embuscades et des attentats suicides de plus en plus nombreux dans le pays. Depuis le début de l'année, 191 soldats de la coalition sont morts. Ensuite, outre la faiblesse de moyens, la coalition pâtit également d'un manque de stratégie et du poids écrasant des États-Unis. Cette domination gêne la coalition dans le dialogue avec les pays influents de la région (Iran, Chine, Russie) mais aussi en matière de crédibilité du gouvernement Karzaï. Il apparaît donc urgent et nécessaire de réviser l'approche stratégique. Il s'agit notamment d'établir le dialogue entre le gouvernement de Kaboul et les talibans. Cette réorientation doit également passer par une meilleure conduite des projets de développement. Car la corruption endémique qui lamine le pays a absorbé une bonne part de l'aide effective. D'autant qu'à l'heure actuelle, une moitié seulement de l'aide promise a été versée.

Comment peut évoluer le rôle de la France ?

La France fut le premier pays à manifester son soutien aux États-Unis après le 11 septembre. À partir de 2003, sur la base d'un consensus politique, la France participe à l'ISAF. Un équilibre rompu par Nicolas Sarkozy qui a décidé, en avril dernier, de renforcer les troupes françaises et de prendre part aux opérations militaires. Le Parti socialiste a immédiatement dénoncé cette fuite en avant militaire, décidée à la va-vite et sans concertation. Le 8 avril, la gauche présentait une motion de censure et à cette occasion, François Hollande déclarait : « Nous allons être entraînés sur des terrains et des opérations où nous ne voulons pas aller. » Et pour lesquels nous n'étions pas prêts ainsi que l'a tragiquement démontré l'embuscade du 18 août. Cette attaque qui a coûté la vie à 10 de nos soldats (voir encadré) a relancé le débat sur le rôle que la France doit jouer en Afghanistan. La question sur le maintien des troupes françaises dans la coalition sera donc de nouveau à l'ordre du jour, lors de l'ouverture de la session extraordinaire qui débute le 22 septembre. Le PS insiste pour définir une authentique stratégie politique nationale et européenne qui devra nécessairement s'accompagner de missions claires, d'objectifs chiffrés et de délais raisonnables.

Quelles conséquences aurait un retrait de la France ?

Avec la décision de Nicolas Sarkozy, la France est désormais entrée sur le terrain des opérations de guerre. Un abandon de ces nouvelles missions serait un simple retour à la situation d'il y a 6 mois. Diplomatiquement, en revanche, un retrait pourrait se traduire par un éventuel refroidissement avec les États- Unis, le Canada et l'Allemagne qui fournissent de gros efforts en Afghanistan. Militairement, un retrait de la France doit s'analyser à l'aune des chiffres : 2 500 Français de moins ne changeraient rien à un dispositif qui compte 70 000 soldats.

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité